Interview: Ben Zimet : conte et parole à Gorée

Publié le par Itiou

Ben Zimet, directeur du Festival international du Conte et de la Parole de Gorée, de surcroit musicien, chanteur, conteur émérite prépare l’an trois de son événement. Invité à parler du festival, l’artiste au verbe chargé de sagesse donne une idée de ce que sera la manifestation prévue du 10 au 17 mai 2009 entre Gorée et Dakar.

Le 221 : Pouvez-vous nous rappeler les fondements de ce Festival ?

Ben Zimet : Quand je suis arrivé à Dakar, j’ai cherché une idée créatrice. Et comme j’ai toujours travaillé sur la notion de mémoire et de sa transmission, j’ai pensé qu’à travers l’esclavage, je resterai fidèle à mes repères et principes originaux en me concentrant cette fois-ci sur le cas de l’Afrique.

Et pourquoi cette passerelle sur le conte et la parole pour donner forme à votre événement ?

Parce qu’il y a une complémentarité pour exprimer tout cela. Il y a le conte pour raconter à la manière du griotGriotLe griot est un historien, un conteur, un chroniqueur. C'est le dépositaire de la mémoire collective d'un peuple, d'une communauté, d'une famille. Dans la caste des griots, la transmission se fait de père à fils et de mère à fille. ce qui s’est passé et puis il y a aussi la parole, c’est-à-dire, la parole savante de l’historien, du philosophe, du poète, du journaliste…, chacun de leur façon pour raconter ces événements qui se sont déroulés ici pendant des siècles…

Est-ce une manière aussi d’accorder un certain crédit à cette tradition de l’oralité ?

Absolument ! Et plus, Gorée qui accueille ce festival est le lieu où la parole a été confisquée. Ainsi nous essayons de la restituer.

Parlez nous du thème retenu cette année.

Cette année nous avons choisi comme thème : « Esclavages d’hier et d’aujourd’hui ». Ainsi nous allons parler de l’esclavage blanc, arabo-musulman et d’autres formes d’esclavages contemporains pratiqués dans les pays environnants et aussi au Sénégal : ça peut être, ces rapports de forces entre riches et pauvres, certaines contraintes, la situation des bonnes… C’est des formes d’esclavages déguisés que l’on retrouve aussi bien en Afrique que partout ailleurs dans le monde… Et certains des conteurs et orateurs pourront en parler.

Quelles sont les affiches et innovations de cette troisième édition que vous préparez ?

- Cette année nous avons comme invités d’honneur : Baaba Maal, Doudou Ndiaye Rose et Souleymane Faye. Nous attendons aussi la participation d’un grand nombre d’artistes d’ici et d’ailleurs, de célèbres conteurs, dont Sani Maradi du Niger, Diane Ferlatte des Etats-Unis, Manfei Obin de la Côte d’Ivoire, Homero Fonseca du Cap-Vert, Henri Cazaux de France, Sylvain Kodjo Mehou du Togo…, des sénégalais Lamane Mbaye, Massamba Mbaye, Babacar Mbaye Ndaak, moi même (rires)…

Cette édition rendra un hommage à Boubacar Joseph Ndiaye, ancien conservateur de la maison des esclaves de Gorée, décédé le 6 février dernier.

 

(source:http://www.au-senegal.com)

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