Décodage portrait - Me Augustin Senghor, Maire de Gorée : Engagement citoyen et transpartisan

Publié le par Itiou

Me Augustin Senghor vient d’être réélu pour la seconde fois pour un dernier mandat de cinq ans à la tête de la mairie de Gorée. Une longévité qui trouve sa motivation dans une démarche citoyenne pour la collectivité.

Me Augustin Senghor est un jeune sénégalais natif de l’île de Gorée le 21 novembre 1965, avocat de profession depuis 20 ans, il est en même temps président de l’Union sportive de Gorée, président d’un certain nombre d’associations dans le mouvement associatif, maire de Gorée depuis 2002. Réélu aux dernières locales pour un dernier mandat de 5 ans, Me Senghor a décidé de ne pas se représenter aux prochaines joutes locales à Gorée.

Entré en politique par « effraction », comme il le dit, parce que simplement devenu maire de Gorée sans avoir jamais eu à adhérer à un parti politique du fait son activité à Gorée, de son engagement au service des populations, et de son activité au sein du mouvement associatif. A un moment donné, les populations de Gorée ont jeté leur dévolu sur la personne de Me Augustin Senghor pour mener à bien leur nouvelle vision de la gestion de leur cité. Son élégance à la fois morale et vestimentaire vient quelque peu contraster un physique athlétique.

« Nous sommes des citoyens sénégalais et chacun en ce qui le concerne a le devoir citoyen de s’engager pour le développement de sa Nation et de manière plus directe, pour le développement de sa localité, explique-t-il. C’est quelque chose qui nous interpelle ». C’est dans ce sens là que Me Senghor qui s’est toujours évertué, ayant à la base une formation dans le mouvement associatif citoyen, à travers les ASC (associations sportives et culturelles) et autres associations, s’est forgé un profil de personne engagée sur le plan citoyen.

A son avis, la politique a aujourd’hui deux acceptions : la première c’est le sens étymologique, c’est le fait de gérer la cité, et à ce niveau là, tous les citoyens, où qu’ils soient, dans un parti politique ou non, ont l’obligation de s’intéresser à la gestion de leur cité. C’est aussi par le truchement de cette acception que la décentralisation a été prônée et créée pour mieux rapprocher les citoyens de la gestion de leurs affaires. L’autre acception, selon Me Senghor, c’est celle politique au sens politicien du terme, c’est-à-dire des gens décidés à s’engager en politique pour faire carrière. D’abord pour leur promotion personnelle avant que cela ne soit pour la promotion des intérêts de la communauté nationale ou locale. « Et moi, je me situe dans la première catégorie », clarifie-t-il.

Un engagement qui trouve son terreau à travers son cursus. « Ce n’est pas des choses que j’ai cherché à faire, précise le maire de Gorée. Le milieu sportif c’est mon milieu parce qu’à Gorée, il y a une culture sportive très marquée depuis plusieurs décennies. Il ne faut pas oublier que Gorée a vu naître le deuxième club sénégalais en 1933 déjà et il y avait cette culture omnisportive. Tous les Goréens pratiquaient plusieurs disciplines, nous avons grandi dans ce moule ».

Et c’est tout naturellement, qu’il est passé d’athlète sportif au rôle de dirigeant, d’abord dans les « navétanes » (championnat populaire de football), ensuite au basket et aujourd’hui à l’US Gorée et du Comité pour la normalisation du football.

De la même manière aussi, « je peux dire que les autres activités sont liées à mon engagement associatif à travers le syndicat d’initiative et de tourisme de Gorée et aussi par le biais des activités culturelles que nous menons sur l’île », affirme Me Augustin Senghor.

Effectivement, « Je puis dire qu’avec l’ASC Coumba Castel dans les années 90, nous avons été les pionniers dans la conception et la réalisation d’activités et d’événements culturels à Gorée avec des orchestres que l’on faisait venir, rappelle-t-il. Nous avons continué avec le syndicat et plus tard, avec les Journées culturelles Mame Anna Faye et aussi les Journées de commémoration de la Traite négrière, avant de déboucher sur le Gorée Diaspora festival sous l’égide de la mairie et des associations de l’île ».

Autant d’initiatives qui ont concouru au plébiscite de Me Senghor comme maire de l’île, avec ce mandat de consolidation. De son point de vue, il s’agissait d’ « être réélu pour consolider les acquis de ce que nous appelons l’esprit « Jokko », c’est-à-dire ce slogan qui nous a permis de réunir tous les Goréens autour de l’essentiel, c’est-à-dire autour de l’intérêt de Gorée. Cela, sur la base d’une démarche citoyenne et transpartisane », confie l’édile de Gorée.

Une approche qui fait le succès de Me Senghor. Cela veut dire quelque part que « le bilan qui a été réalisé par l’équipe municipale et par les Goréens de 2002 à 2009, a donné satisfaction aux populations », se réjouit-t-il.

Maintenant, avance notre interlocuteur, il s’agit de « consolider en poursuivant l’exécution de notre programme local de développement pour qu’à l’horizon 2014, que tous les objectifs que nous nous sommes fixés soient atteints dans les domaines de l’environnement, de la santé, de l’éducation et de toutes les autres compétences transférées. Sans oublier le tourisme qui est une activité fondamentale sur le plan socio économique pour Gorée ».

Au niveau de l’environnement, l’équipe municipale a commencé à décliner en termes de réalisation, le système de management environnemental de l’île. Un projet qui tient à cœur les autorités. « Avec nos partenaires, nous avons l’ambition de faire de Gorée l’île la plus propre du Sénégal voire de Afrique, lance Me Augustin Senghor. A terme, obtenir une certification en matière de management environnemental avec le label ISO 14 001. Cela nous permettra d’améliorer le cadre de vie des populations et de développer le tourisme ».

Cela se traduit également par une prise en compte de la question de l’érosion marine et l’érosion du sol. « Il y a toute une politique pour protéger Gorée, plaide le maire. On ne peut pas protéger un patrimoine culturel si le cadre physique est menacé ». Au niveau de la santé, l’équipe municipale a terminé son mandat en bouclant le cycle de la chaîne sanitaire de Gorée avec un nouveau poste de santé bien équipé, une chaise dentaire, une ambulance maritime et une ambulance automobile. Il convient maintenant d’assurer une couverture sanitaire totale pour les populations en terme de besoins en médicaments, maintenant que le dépôt pharmaceutique est disponible.

Au niveau de l’éducation, Me Senghor et ses collaborateurs sont en train de travailler en association avec les élèves et étudiants pour mettre en place une bibliothèque, un espace multimédia, une médiathèque pour que les populations et surtout les enfants puissent compléter leurs études. Cela, « pour une prise en charge la plus parfaite aux fins d’atteindre un niveau de performance acceptable pour les résultats scolaires de nos enfants », souligne le maire.

Aussi, le volet culture occupe une place centrale pour la municipalité. « Nous continuerons à faire de Gorée une des places culturelles fortes du Sénégal en termes d’animations culturelles, de projets culturels, en termes de valorisation de l’espace culturel que constitue le centre socio culturel », indique Me Senghor. De même, il faudra également insister sur un volet important qu’est la gestion du patrimoine, avec la rénovation des bâtiments existants. De sorte qu’ « une fois rénovés, ces bâtiments puissent avoir une destination qui profite à la population goréenne », précise-t-il.

Une ambition qui n’occulte en rien le secteur socio économique. Ce qui devrait se décliner en termes de la mise sur pied d’un environnement propice à la création d’emplois pour les jeunes. « Nous avons été essentiellement élus par les jeunes de Gorée qui est une île qui a des dimensions réduites, nous n’avons pas de grandes activités commerciales, avec de grands marchés, ni de grandes entreprises ou d’industries », remarque Me Senghor. Un environnement touristique qui commande la création d’emplois dans les domaines culturels, touristiques, mais aussi dans les métiers du patrimoine. L’ambition étant de passer de 300 000 à 400 000 visiteurs par an aux fins d’assurer de meilleures retombées dans le domaine du tourisme.

Et dans tout cela quelle est la botte secrète de Me Senghor ? En toute modestie, il confie : « La démarche « Jokko défaar Gorée, c’est-à-dire des personnes engagées pour leur localité sans rien en retour. Des élus qui sont proches de leurs populations, qui ne sont pas au-dessus d’elles et qui les font participer aux décisions ».

Une volonté d’inclusion totale qui a fait que cette population s’est reconnue dans le bilan d’Augustin Senghor et l’a reconduit.

Sérénité à toute épreuve, fidélité en toute circonstance. Deux traits de caractère du maire de Gorée qui affiche la volonté de satisfaire la charge des populations, avec en toile de fond l’appréhension de l’échec de la mission, pour quelqu’un qui a décidé de ne pas se présenter aux prochaines élections municipales à Gorée.

Source : le Soleil

Publié dans Politique

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