432 milliards à huis-clos à l’assemblée nationale : les coulisses d’une grosse farce

Publié le par Etiou

Le soldat Baldé au secours de son capitaine Karim Interpellé en wolof, Karim répond en français Karim Wade a passé, comme il l’a souhaité, son grand oral, hier, à l’Assemblée nationale. Dans le but de se laver des soupçons de manque de transparence qui le poursuivent, il a bénéficié de conditions particulières pour s’expliquer.

Ce qui n’a pas été sans difficultés, bien que la séance se soit passée en un huis clos total. Par Rudolph KARL ImageD’abord, tout semble avoir été arrangé pour que le fils du Président passe inaperçu. Seuls, les députés et les quelques ministres venus soutenir Karim Wade avaient accès à l’As­semblée nationale. Pour une première fois, les journalistes se sont vus interdire l’entrée dans l’hémicycle. Ces mesures restrictives n’enlèveront rien en leur détermination. Ils prennent leur mal en patience et décident de faire le pied de grue tout au moins pour voir l’arrivée du président de l’Anoci. Jusqu’à 16 heures, la presse ne reçoit aucun signe. Et quelle n’a pas été la surprise des journalistes quand ils apprennent que Karim Wade était venu il y a environ une demi-heure. Par où ?

Ils apprennent avec stupéfaction que c’était par une entrée autre que la porte principale que Karim, les députés et certains ministres venus avant lui, ont accédé à l’Hémicycle. Bien que coupés de toute information et bloqués aux portes, les journalistes n’en démordent pas. Leur patience va payer, quand vers 17 heures, ils reçoivent finalement l’ordre d’entrer dans la maison. Seulement, ce ne sera que le début d’une autre séquence d’attente qui va durer jusqu’à 21h30. Entre temps, aux environs de 20h30, Me El Hadj Diouf qui sort pour prendre un peu d’air sera assailli de questions.

Le député avocat, ne mâche pas ses mots ; il compare ce qui se passe à l’intérieur à du cinéma avec «Karim dans le rôle d’un professeur qui vient dispenser un cours magistral aux députés dont certains boivent et applaudissent». Il dénonce vivement la présence de la Rts dans la salle, alors que les autres journalistes sont tenus à l’écart. «Autant qu’eux, vous avez aussi droit à l’information», déplore Me Diouf. Puis, il rejoint la séance qui se terminera près d’une heure plus tard.

Quand les portes s’ouvrent, un tohu-bohu général s’installe. Mais là aussi, toujours dans le souci de tenir éloigner les journalistes, un incident se produit. Dans un petit hall qui donne directement à la salle des débats, les journalistes privilégiés continuaient à faire leur travail, alors que la grande majorité est tenue à l’écart et n’avait droit au chapitre que par une baie vitrée. Ensemble, ils font un vacarme infernal pour réclamer l’égalité dans les traitements. Les gendarmes qui bouchaient les entrées finiront par céder. Pendant ce temps, Karim Wade, lui, est toujours dans la salle où s’est déroulé son exposé.

Bien obligé de sortir par cette unique porte, il se voit contraint de dire quelques mots à la presse. Il se félicite de l’exercice qu’il vient de passer et remercie les députés qui ont bien voulu l’écouter. Et comme toujours, il s’est dit fier de la gestion de l’Anoci. «C’est un exemple de transparence dans la gestion des affaires publiques au Sénégal», confie-t-il. Mais quand dans la foule des journalistes, une question fuse sur les audits externes de l’Anoci ; alors Karim met immédiatement fin à sa déclaration.

Aidé d’un impressionnant cordon de sécurité, il s’engouffre dans sa luxueuse voiture qui quitte l’Assemblée nationale en trombe. Son adresse à la presse, brutalement interrompue, n’aura duré que deux minutes après plus de cinq heures de questions-réponses face à une trentaine de députés et sénateurs. Fin de la comédie.

Source: le quotidien

Publié dans Politique

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